par Malou Haine, publié le 04/10/2017

Texte court d’un seul paragraphe comprenant une brève définition générique de la métrometre (genre féminin dans l’Encyclopédie) suivie d’une description succincte de l’emploi de cet appareil destiné à déterminer le mouvement d’un morceau de musique. Cette description ne stipule pas à quelle invention spécifique le texte fait allusion, alors qu’il s’agit précisément de celle d’Onzembray datant de 1732. Le terme métrometre est donc ici utilisé à la fois de manière générique et, implicitement, de manière spécifique. Signalons que cet appareil est l’ancêtre du métronome actuel.

Deux autres termes décrivant des appareils semblables sont présents dans la nomenclature de l’Encyclopédie : ECHOMETRE , en Musique (t. V, 1755, p. 265b) portant la marque de Diderot, et CHRONOMETRE , (Musique.) (t. III, 1753, p. 401b–402a) signé par Rousseau. Commun aux trois articles, notre dossier transversal Les précurseurs du métronome dans l'Encyclopédie développe le contexte historique, le lexique technique, les indications grammaticales et orthographiques, les avatars des trois termes dans les dictionnaires postérieurs à l’Encyclopédie.

Auteur

Article non signé, mais l’on sait qu’à partir du volume X, Diderot ne signe quasiment plus les articles qu’il rédige. En est-il l’auteur ? Sans doute pas, car il aurait peut-être pensé à indiquer un renvoi vers l’article ECHOMETRE , en Musique (t. V, 1755, p. 265b) dont il est l’auteur et qui décrit un appareil semblable.

De son côté, Rousseau signe l’article CHRONOMETRE , (Musique.) (t. III, 1753, p. 401b–402a), appareil de même fonction. Mais à part le désignant, cet article ne répond à aucun des critères qui permettent d’attribuer des articles non signés à Rousseau : il n’est le renvoi d’aucun article de Rousseau ; il n’est pas repris dans son Dictionnaire de musique. Voir la notice Rousseau, et plus particulièrement la rubrique « Les articles de musique de l’Encyclopédie attribuables à Rousseau ».

Domaine

Seul le domaine Musique est mentionné, car il s’agit de déterminer le mouvement d’une pièce de musique. Les aspects techniques de cet appareil n’y sont pas abordés, ce qui explique l’absence des désignants Arts mécaniques et Horlogerie.

Enjeux de l’article

À l’époque, les recherches relatives à la détermination de la mesure du mouvement en musique s’inscrivent parmi des recherches beaucoup plus larges qui concernent la mesure du temps et ses nombreuses applications (horloges et autres inventions). Comme l’atteste le contexte historique (→ voir notre Dossier transversal Les précurseurs du métronome dans l'Encyclopédie), on tente de mettre au point un appareil capable de fixer avec précision le mouvement dans lequel doit se jouer un morceau de musique tel que le souhaite le compositeur et, en corollaire, la manière d’indiquer sa vitesse sur une partition. En d’autres termes, on recherche le moyen de préciser la durée exacte d’une pièce de musique, car les termes andante, allegro, etc. sont considérés comme trop vagues.

Correspondances internes à l’Encyclopédie

Il n’y a pas de renvois aux deux autres articles qui décrivent des appareils semblables et qui figurent pourtant dans des volumes antérieurs à celui-ci. ECHOMETRE , en Musique (t. V, 1755, p. 265b), portant la marque de Diderot ; CHRONOMETRE , (Musique.) (t. III, 1753, p. 401b–402a), article rédigé par Rousseau. C’est là un indice de la fabrication de l’Encyclopédie : les trois articles ont été conçus de manière individuelle et non comme un ensemble.

Un renvoi à l’article Tems , en Musique (t. XVI, 1765, p. 121a–122a) eût été possible, d’autant que Rousseau qui signe cet article avait déjà rédigé tous ses articles sur la musique avant même la publication du premier volume.

Rédaction et source(s) compilée(s)

La description correspond à la description faite par d’Onzembray 1 de son métrometre ( Louis Leon Pajot, comte d'Onzembray, 1735 ), mais le texte de l’article n’est repris d’aucun dictionnaire de langue de l’époque 2 , bien que le terme figure dans certains d’entre eux. → voir Lexique technique dans notre Dossier transversal Les précurseurs du métronome dans l'Encyclopédie.

Métamorphoses de l’Encyclopédie

Le Grand Vocabulaire françois (t. XVIII, 1771), ainsi que l’ Encyclopédie d'Yverdon (t.XXVIII, 1773, p. 561) reprennent verbatim les termes de cet article.


1 : Selon les écrits d’époque, ce patronyme se trouve écrit sous diverses orthographes : comte d’Ons-en-Bray ; d’Onsenbray ; d’Onzenbray; d’Onzembray. La dernière semble la plus répandue, alors que la première est la plus exacte, pourtant rarement utilisée.
2 : Ouvrages consultés : Trévoux 1732, 1743, 1752 ; Prévost 1750 et 1755 ; Ménage 1750 ; Nouveau Dictionnaire des Arts et des Sciences 1756 ; Dictionnaire de l’Académie française 1740, 1762.
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